mondial toboggan.
Enfant illégitime de Jean-Michel Jarre et Jean-Jacques Perrey, Mondial Toboggan voit le jour à l’aube des années 2010 autour d’une passion pour les synthétiseurs désuets, les enregistreurs cassette et la montagne. Gauthier (clarinette, saxophone, claviers), Quentin (claviers, vocoder) et Vivien (percussions) se retrouvent lors de sessions informelles dans un chalet bigourdan, l’arrière-salle d’un bar à vins bordelais et une longère picarde. Ils y développent alors une esthétique, la musique de demain composée hier, une sorte de synth-pop instrumentale mâtinée de disco aux accents de B.O. de téléfilms qui auraient pu figurer dans les programmes d’Antenne 2.
Le projet devient plus sérieux grâce à la collaboration de Corentin Kerdraon alias (nit) qui, de sa patte de velours, prend en main la production de leur premier EP, Olympique (2019), sur lequel il assure aussi des parties de cordes et de claviers
Vidéo réalisée par Anaïs Mak
« La flamme portée par les membres de Mondial Toboggan brille faiblement sur le chemin du stade. Dans l’enceinte du vaste bâtiment, leur arrivée s’accompagne d’une immense constellation de flashs scintillant dans la nuit, faisant crépiter les rangs des spectateurs comme du pop corn. Une foule immense s’impatiente : un Fender Rhodes élégant s’immisce discrètement au cœur de l’édifice et les clameurs anonymes se fondent dans l’obscurité. A la lueur de la simple torche ondoyant en Mondovision parmi ces quelques accords, un solo de saxophone drague le public pour mieux l’entraîner vers la lumière. La planète entière retient son souffle de peur d’éteindre le feu de joie de l’Olympie...
Survient l’inévitable bouffée d’Oxygène : la Chronologie du Rendez-Vous est soigneusement millimétrée. Au milieu des écrans de télévision, le chaudron s’embrase et les nations s’embrassent. Au rythme des hymnes qui s’enchaînent sous les feux d’artifice, les drapeaux lointains se métissent dans l’euphorie. De toutes parts, des centaines de danseurs en combinaisons synthétiques colorées se synchronisent à de chaleureuses compositions synthétiques colorées ; le groove prend du terrain sur cet instant solennel et la gymnastique se propage gaiement jusqu’aux gradins. Surplombant les tribunes, les belles valeurs du sport éclatent tour à tour dans les messages sponsorisés qui financent ce stade tout neuf voué à disparaître bientôt, une fois les jeux terminés.
L’espace d’une vingtaine de minutes pourtant, tout le monde a cru à ce rassemblement sans frontière, à ce futur fédérateur, à ces belles performances à venir qu’on aimerait souligner par d’encourageants commentaires en espéranto.
Il faut hélas se rendre à l’évidence. A l’image de la décoration tout juste offerte au Médaillé se tenant fièrement au sommet du podium de plâtre, le nouveau disque laser de Mondial Toboggan reste le seul souvenir véritable de cette belle utopie : il brille de nombreux reflets qu’il est bon de toujours célébrer. »
Texte : Germain Fraïssé